Dans l’article précédent sur la caudectomie, nous avons abordé les facteurs de risque qui favorisent les morsures de queue, notamment une mauvaise ventilation, l’ennui, une densité élevée, etc. Les facteurs de risque sont une combinaison de facteurs environnementaux et de facteurs liés à l’animal. Le dénominateur commun et la solution à tous ces facteurs de risque est la réduction du stress.
La gestion du stress : la clé pour mettre fin à la caudectomie
Les morsures de queue sont un problème complexe et multifactoriel. Le stress est ressenti à la fois par les porcs qui sont mordus (les victimes), mais aussi par les mordeurs. Comme le présente Selye, le stress est une réponse à des facteurs externes. Pensez par exemple au regroupement, au sevrage et au transfert des animaux. Le stress peut également être induit par une compétition à l’auge amplifiée par une densité élevée. Tout ce stress déstabilise le confort de l’animal. En conséquence, l’animal va adapter son comportement (agressivité, signe d’inconfort) dans le but de retrouver sa zone de confort. La plupart du temps, les facteurs de stress cessent et les animaux retrouvent leur comportement normal. Cependant, dans certains cas les facteurs stressants s’accumulent et persistent et les animaux entrent dans une phase où ils ne sont plus capables de s’adapter. En conséquence, des pathologies apparaisent comme une diarrhée ou encore un comportement déviant comme le fait de se mordre la queue ou autres. Le stress doit donc toujours être anticipé.
Sélection génétique et sociabilisation des porcelets.
Tous les porcs n’ont pas la même sensibilité aux facteurs stressants et tous ne vont pas exprimier des comportements déviants au même moment. Des recherches ont montré que les porcs Duroc sont plus actifs et plus investigateurs que les porcs Landrace et Large White, et qu’ils mordent davantage les autres. D’autres groupes de recherche ont constaté que les morsures de queue étaient héréditaires chez les porcs Landrace, mais pas chez les porcs Large White. Ils ont également constaté que, dans la population Landrace, les morsures de queue présentaient une corrélation génétique défavorable avec l’épaisseur du gras dorsal à 90 kg. Les chercheurs évoquent la possibilité de développer un indice de sélection pour réduire la prédisposition à présenter un comportement de mordeur par le biais de la sélection génétique. La conduite des porcelets avant sevrage semble également contribuer à la réduction du stress en engraissement. Les recherches ont montré que les adoptions croisées et la sociabilisation des porcelets dès le plus jeune âge réduisent l’apparition ultérieure de morsures agressives. Les chercheurs affirment donc qu’il faut favoriser l’intéraction des porcelets de différentes portées dès la deuxième semaine de vie. L’utilisation d’odeurs familières peut également réduire le stress des porcs transférés d’un bloc d’élevage à un autre.
Vers une interdiction réussie de la caudectomie en routine
La Suède et la Finlande ont réussi à élever des porcs à queue entière. Ces pays mettent l’accent sur l’utilisation de matériaux manipulables (souvent de la paille), des densités plus faibles, une gestion pointue des tempétures et de la qualité de l’air, un sanitaire maîtrisé et enfin un régime alimentaire adapté. Pour pouvoir mettre fin à la caudectomie de routine dans un plus grand nombre de pays, il faut des stratégies gouvernementales par pays et une évaluation réelle des conditions d’élevage. Et cela a un prix. Le gouvernement, l’éleveur et le consommateur sont tous responsables de la fin de la caudectomie de routine. Trois États membres de l’UE – l’Autriche, le Danemark et la Slovénie – disposent d’une législation spécifique limitant davantage cette pratique. Les Pays-Bas se sont exprimés et ont déclaré vouloir mettre fin à cette pratique d’ici 2030. Les autres pays européens n’ont pas (encore) mentionné d’échéance.
Consultez également la partie 1 de cet article : La caudectomie: Enfin une pratique du passé ?